Editorial - 4 octobre 2007  
   

En cette rentrée, le travail quotidien de collecte, d'identification, de sauvegarde et de restauration des films anciens, qui est celui des Archives françaises du film du CNC, trouve un aboutissement nouveau avec la rétrospective "Du praxinoscope au cellulo - Un demi-siècle d'animation en France - 1892-1948". Pour la première fois, 105 films issus des collections des Archives sont invités à la Cinémathèque française du 4 au 17 octobre pour ébaucher un parcours à travers cette histoire peu connue du cinéma. Un catalogue et un DVD accompagnent cette manifestation afin de témoigner de cette exploration des collections. Le parcours "Comment on sauve un film", mis en ligne à l'occasion de cette Lettre n° 4, nous rappelle, grâce au savoureux dessin animé de Philippe Truffault, les enjeux de ces missions.

Parmi les autres événements importants de la rentrée auxquels s'associent les Archives, les rendez-vous de l'AFRHC, à la Fémis, qui placent les archives cinématographiques au cœur de leur réflexion. Et, bien sûr, des nouvelles du prochain congrès de la Fiaf au printemps et le deuxième épisode de notre feuilleton « La vie d'un film à Bois d'Arcy ».

Béatrice de Pastre - Directrice des collections des Archives françaises du film - CNC

 
 
 
logo Fiaf 2008
Congrès de la Fiaf 2008
 
Fiaf PARIS 2008

A l'occasion du 64e congrès de la Fédération internationale des archives du film qui se tiendra à Paris du 16 au 27 avril 2008, les Archives françaises du film du CNC et la Cinémathèque française invitent les archives et cinémathèques membres de la Fiaf à participer à une programmation autour du thème de la couleur. Centrée sur la découverte de restaurations de films muets ou sonores en couleur, ces séances seront ouvertes aux congressistes et au grand public et permettront de découvrir à la Cinémathèque française des oeuvres issues des collections des archives du monde entier.
 
 

Du praxinoscope au cellulo – un demi-siècle de cinéma d’animation en France - 1892-1948
du 4 au 17 octobre à la Cinémathèque française

Du praxinoscope au cellulo c’est quoi ?

Un titre énigmatique : suggéré par Jacques Kermabon, reprenant les deux termes techniques qui balisent la période dans laquelle s’inscrivent les films de la programmation :

 
La Flūte magique
La Flûte magique (Paul Grimault)
© Les films Grimault
 

le praxinoscope est la formidable machine fabriquée par Emile Reynaud qui permet d’animer les dessins patiemment tracés par ses soins sur une bande de papier. Il projeta ses premières bandes animées au public du théâtre du musée Grévin en 1892 : c’est Pauvre Pierrot.
Le cellulo est un terme technique qui renvoie à la borne de 1948, au Petit soldat de Paul Grimault et aux feuilles de celluloïd transparent sur lesquelles les animateurs dessinent alors les différentes phases d’un mouvement qu’ils souhaitent voir s’animer.
Entre ces deux dates, ces deux titres, plusieurs centaines de films dont 105 sont présentés à la Cinémathèque française pendant cette quinzaine.

En savoir plus

 
   

Comment on sauve un film, ou comment le CNC valorise son action patrimoniale

 
Comment on sauve un film

Comment on sauve un film (Philippe Truffault)

 

La collecte, la sauvegarde et la restauration des films anciens ne sont pas des activités familières du grand public. Les manifestations qui saluèrent le Premier siècle du cinéma en 1995 furent l’occasion pour le CNC de proposer une vulgarisation pleine d’humour de ces gestes qui permettent au patrimoine cinématographique de perdurer. Commande fut ainsi passée à Philippe Truffault pour la réalisation d’un film explicitant, grâce au dessin animé, les missions confiées aux Archives françaises du film du CNC.

Comment on sauve un film
, c’est, en 3’35, découvrir le rôle du "plan nitrate" qui permit la préservation de 12 000 films, c’est aussi, grâce à la ligne épurée des images de Truffault et la voix joviale de Claude Chabrol, 3’35 de bonheur …
cinématographique.

 

Accessible sur la page d'accueil du site et dans la page dédiée aux parcours découvertes.
Accéder au parcours

 
 

La Grande Illusion au Festival de Toronto

 
La Grande illusion
La Grande Illusion (Jean Renoir)
 
Lors du Toronto International Film Festival qui vient de se tenir, la Fédération Internationale des Archives du Film (Fiaf) a remis à Peter Bogdanovich (acteur, cinéaste, écrivain et historien) le "Fiaf Award" pour sa contribution dans le domaine de la conservation et de la restauration des films.
La cérémonie de remise du prix s’est tenue lors d’une projection exceptionnelle du film de Jean Renoir La Grande Illusion (1937) restauré par les Archives françaises du Film – CNC en collaboration avec Studio Canal et la Cinémathèque de Toulouse.
Illustrant un épisode de la Première Guerre mondiale, La Grande Illusion a bien failli disparaître, dans sa forme originelle, pendant l’Occupation. L’histoire mouvementée de ce film mythique manqua de se solder par la perte du négatif original.
 

Cette histoire vous sera contée lors d'un parcours découverte qui sera mis en ligne prochainement...

 
 

Pour une meilleure connaissance du patrimoine cinématographique

 
Affiche Le Simoun
Affiche du film Le Simoun
 

Afin que le public puisse accéder plus facilement aux collections non-film encore conservées aux Archives françaises du film, le CNC a fait plusieurs dépôts dans des institutions patrimoniales partenaires.

Une série de dossiers de presse, du matériel publicitaire et des revues rejoignent le déjà très riche centre de documentation de l’Institut Jean Vigo de Perpignan.

La Cinémathèque de Toulouse accueille une importante collection de dossiers de presse, de catalogues de festivals et d’affiches de films français et étrangers distribués sur le territoire entre 1950 et 1970. Déjà inscrites au catalogue de la Bibliothèque du film de la Cinémathèque française, ces pièces permettront d’enrichir en région l’offre documentaire et d’expositions de la Cinémathèque de Toulouse.

Pendant les mois d’été ont été déposés à la Cinémathèque française 12 000 découpages, scénarii et continuités dialoguées qui constituaient aux Archives françaises du film une collection édifiée depuis quarante ans à la faveur d’achats, de dépôt et de dons (du laboratoire de la Sitac spécialisé dans le sous-titrage par exemple). Les chercheurs pourront très prochainement avoir accès, à la Bibliothèque du film, à ces sources nouvelles pour une meilleure connaissance de l’histoire du cinéma des années 1930-1960.

 
 

"La vie d'un film à Bois d'Arcy"
2 - Quand la boîte entre en inventaire

 
Boītes de film
Boîtes de film à inventorier
 
Après avoir été stocké, le film attend son heure. L’aventure commence véritablement une fois que la boîte se trouve appelée au service de l’inventaire.

«C’est ici que ses mystères sont révélés. Nous ouvrons, déroulons, examinons, scrutons… et la boîte nous raconte enfin son histoire !» explique Sylvie Perret. «Notre rôle, dans le service, consiste à remplir les 17 premiers champs de description du film de Lise, le logiciel documentaire des AFF.» poursuit-elle. Titre, réalisateur, année de production, numéro de visa… toutes ces données doivent être renseignées. Cette analyse générique est le préalable obligé à toute vie future du film au sein des Archives. 
 
   
Sylvie Perret
Sylvie Perret
 
Entrée aux AFF en 1971, après avoir été monteuse au laboratoire LTC, Sylvie Perret n’a cessé de se livrer avec une curiosité toujours renouvelée à cette mission essentielle. «Quand j’ai intégré les Archives, des fonds entiers étaient inexplorés. Ce travail de défrichage était passionnant.» raconte-t-elle. «Il faut savoir que de véritables raretés - comme les premiers films de Georges Méliès ou de Segundo de Chomon - sont passées entre les mains de Sylvie. Elle est une des pionnières des Archives.» insiste Jean-Louis Cot, chef du service inventaire et logistique. C’est lui qui décide des boîtes qui vont faire l’objet d’un examen technique. «Le film est-il rare ou unique ? Quel est son état chimique ou physique? Ces données sont déterminantes pour choisir les œuvres candidates à la restauration.» précise-t-il.
 

«Nous découvrons ainsi des fonds très variés» poursuit Sylvie Perret. Ainsi, cet été, elle s’est attelée à l’analyse des 200 boîtes déposées par le CNDP (Centre national de documentation pédagogique). «Souvent des éléments manquent. Il faut essayer d’en savoir le plus possible. Nous faisons des recherches en bibliothèque pour retrouver des informations. C’est un peu comme jouer au détective.», glisse t-elle. Les logos des marques des pellicules (Agfa, Kodak…), qui ont changé au cours des années, peuvent, par exemple, servir d’indices pour déterminer la date de réalisation du film.
Parmi les titres déposés par le CNDP, Sylvie a découvert des titres comme La mode et la couture à Deauville, un film d’actualité muet réalisé au pochoir en 1927 ou Le Poulpe, un film éducatif de 1934. Actuellement, elle s’occupe du dépôt des ciné-autochromes des frères Lumière. Déposée sous forme de brevet en 1903 mais dévoilée à l’Académie des Sciences en 1904, la plaque Autochrome Lumière, inventée par Louis Lumière, est le premier procédé de photographie en couleur. Des milliers de photographies ont été réalisées dans le monde entier, au début du XXe siècle, avec ce procédé que Louis Lumière considérait comme son chef-d’œuvre. Il adapta le procédé au cinéma au début des années 30, mais ces tentatives restèrent des essais. La projection de ces bandes autochromes n’offrait pas une image suffisamment lumineuse au goût de Louis Lumière et ne lui permettait pas de rivaliser avec les procédés américains qui arrivaient sur le marché. Mais l’on retrouve aujourd’hui, avec beaucoup d’émotion, ces images aux couleurs douces, véritables films de famille pour certains, où défilent les personnages et les lieux qui, dès 1895, devenaient emblématiques du cinématographe.
Avec ces bobineaux, c’est une page essentielle du patrimoine cinématographique qui vient d’être inventoriée par Sylvie. Après avoir été analysés et sauvegardés, certains de ces ciné-autochromes rejoindront les bonus du premier DVD consacré au corpus Lumière que prépare l’Association Frères Lumière. Celui-ci sera édité dans quelques mois par l’Institut Lumière de Lyon en collaboration avec les Archives françaises du film du CNC.

 
 

Films restaurés par les AFF-CNC projetés dans le cadre de la diffusion culturelle

 
L'Epouvantail
L'Epouvantail (Paul Grimault)
©Les Films Paul Grimault
 
Le British Film Institute (Londres) projette Les Anges du péché dans le cadre d'une rétrospective sur Robert Bresson.

Henry King sera à l'honneur à la Filmoteca Española (Madrid) et à la Cinémathèque portugaise (Lisbonne) avec Little Mary Sunshine et Twin Kiddies.

Rétrospective "Du praxinoscope au cellulo, un demi-siècle d'animation en France", organisée par les Archives à la Cinémathèque française.

Toujours à la Cinémathèque française, un hommage à Sacha Guitry avec, notamment, des essais d'acteurs.

Et encore de nombreux films que vous pourrez découvrir sur le site des AFF à la rubrique "à l'écran"
 

Prochainement :
Début novembre à la Filmarchiv de Vienne : Le Golem de Julien Duvivier, 1936.
Du 19 au 26 novembre 2007 à la Villa Médicis à Rome, pour une rétrospective de Jean Renoir : La Marseillaise (1938) et Le Crime de Monsieur Lange (1936).
En décembre à la Cinémathèque québécoise : Zazie dans le métro de Louis Malle (1960).

Toute la programmation d'octobre

 

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