Editorial - avril 2008  
   

Nous sommes à quelques jours de l'ouverture du 64e Congrès de la FIAF, moment traditionnellement important pour la communauté des archives de film et des cinémathèques, mais qui prend cette année une dimension supplémentaire puisque Paris et le CNC accueillent, à partir du 17 avril, nos collègues du monde entier. Pour fêter les 70 ans de la Fédération Internationale des Archives du Film (crée en avril 1938, avenue des Ternes), l'étape parisienne a paru incontournable d'autant que le congrès ne s'était pas arrêté en France depuis 20 ans. Cette rencontre sera riche en débats pour les congressistes et festive pour le public avec l'exposition Méliès, la programmation sur la couleur à la Cinémathèque française et l'exposition organisée en contrepoint par la Bibliothèque nationale de France et les Archives françaises du film dans l'espace découverte de la BnF. Toutes les informations concernant ce rendez-vous exceptionnel sont sur le site qui lui est dédié : www.fiafcongress.org/2008 .

Ces festivités ne doivent pas faire oublier le quotidien des Archives françaises du film toujours aussi animé avec, par exemple, le chantier autour de l'oeuvre de Jean Rouch qui entre dans sa phase de restauration pour 5 films ou le suivi de la collecte du dépôt légal que vous découvrirez dans ce numéro. Afin de mieux suivre et, surtout, conserver traces de cette activité nous avons ouvert une nouvelle rubrique sur la page « actualité » du site des Archives qui permet de retrouver tous les événements promus par notre site. Un outil supplémentaire pour retrouver un film, une programmation….

Béatrice de Pastre - Directrice des collections des Archives françaises du film - CNC

 
 
 

Pleins feux sur la couleur à la Bibliothèque nationale de France

 
Carton invitation exposition Yves Klein
Carton d'invitation à l'exposition Yves Klein
 
A l'occasion du 64e congrès de la FIAF et pour faire écho à la programmation proposée à la Cinémathèque française, la Bibliothèque nationale de France et les Archives françaises du film du CNC ont extrait de leurs collections quelques documents illustrant le thème de la couleur au cinéma. Jouets optiques, dispositifs de projection, traitement de la pellicule ou travail des réalisateurs et des décorateurs, sont évoqués à travers des objets variés, parfois insolites. En marge de cette exposition, le site des archives propose de retrouver textes et documents pour étendre cette exposition. Cette semaine, le « bleu Yves Klein » et toujours un extrait du Ciné-Journal de septembre 1909.


 

Prochainement on pourra découvrir le cahier de tournage illustré de photographies rehaussées de couleurs d'un fantastique péplum, pièce unique issue de la Cinémathèque de Toulouse.

Exposition à découvrir à la BnF, site François Mitterrand, espace découverte, du 18 mars au 15 juin 2008.

En savoir plus

 
 

Publication de "Marcel L'Herbier, l'art du cinéma".

 
Couverture de l'ouvrage
Couverture de l'ouvrage
© AFRHC
 

En décembre 2006 un grand nombre de chercheurs étaient rassemblés, sous l'égide de la Bibliothèque nationale de France et de l'Université Paris X – Nanterre, pour explorer l'oeuvre de Marcel L'Herbier. Ils mirent en évidence ses contributions esthétiques et théoriques à l'histoire du cinéma, mais aussi son rôle en tête des combats pour la défense de la profession cinématographique, dans la création de l'IDHEC ou son implication dans l'apparition de la télévision en France. L'AFRHC publie les actes de ce colloque international sous la direction de Laurent Véray. Ils sont accompagnés d'un DVD rassemblant Le Diable au coeur (1927), Prométhée… banquier (1921) et Phantasmes, films restaurés par les Archives françaises du film du CNC. Le Diable au coeur, où l'on découvre des plans surprenants d'Honfleur, est mis en valeur par la composition musicale de Pierre Mancinelli qui accompagne avec justesse le film sans jamais écraser les images de Marcel L'Herbier.

Autre actualité de l'AFRHC : la publication de la monographie de Jean Benoit-Lévy par Valérie Vignaux : "Jean Benoit-Lévy ou le corps comme utopie". Les Archives françaises du film ont mis à disposition plusieurs films restaurés du réalisateur pour l'édition du DVD qui accompagne l'ouvrage.

A noter : un grand nombre de films de Marcel L'Herbier et de Benoit-Lévy sont consultables dans l'emprise des Archives à la BnF.

 
 

"La vie d'un film à Bois d'Arcy"
4 - le dépôt légal

 
Salle dépôt légal
Salle du Dépôt légal
 

Le CNC est missionné par décret depuis 1992 pour gérer le dépôt légal des oeuvres cinématographiques. Les Archives françaises du film assurent cette collecte indispensable à la constitution du patrimoine cinématographique. Au sein du Service accès enrichissement et valorisation des collections, cette charge est confiée à Thierry Blandin pour les longs métrages et à Daron Manuelyan pour les courts métrages.

La commission de classification des oeuvres cinématographiques leur transmet les numéros de visas attribués aux films qu'ils comparent chaque semaine à la liste des films sortis en salle. Après la création d'un dossier de dépôt légal dans la base documentaire Lise pour chacune de ces oeuvres, un courrier est adressé au producteur (ou au distributeur s'il s'agit d'un film étranger), accompagné d'une fiche de déclaration, afin de collecter non seulement une copie du film mais aussi le dossier de presse, les affiches, les photos d'exploitation et la bande annonce qui accompagnent la sortie du film.

 
   
Thierry Blandin
Thierry Blandin collecte dossiers de presse et affiche
 
Après la collecte physique et l'enregistrement effectués par le service Logistique et inventaire des Archives, Thierry Blandin établit un certificat de dépôt et vérifie le matériel publicitaire. Mais très souvent le film n'est pas collecté dans le mois qui suit sa sortie comme l'exige la loi. Un travail de relance doit alors être effectué, long mais productif puisque au bout de ce processus, qui s'étend parfois sur deux ans, 90% des films ont rejoint les Archives. Thierry précise que « pour l'instant, les films sortis sur support numérique ne sont pas collectés mais c'est notre prochain grand chantier. »
 
   
Daron Manuelyan
Daron Manuelyan au contact des déposants
 

Le travail de Daron Manuelyan s'inscrit dans un temps plus long : deux à trois ans sont nécessaires pour que 38% des films visés puissent rejoindre les collections. « Cela tient à l'économie très restreinte du court ». Il lui faut partir en quête des nouveaux producteurs (1/3 de la profession se renouvelle chaque année) et solliciter sans relâche ceux qui ne sont pas encore convaincus du bien fondé de la démarche. Daron tient à clarifier ce point : «curieusement, ce sont les structures les plus stables, celles que le CNC aident régulièrement, qui sont réfractaires à la collecte. Les réalisateurs qui s'autoproduisent sont ravis de voir leur oeuvre ainsi préservée ». Pour preuve, l'année dernière à l'occasion de la rétrospective consacrée à Jacques Rivette, le centre Georges Pompidou a fait appel à la copie du dépôt légal de Paris s'en va, dont le laboratoire d'origine avait « égaré » une partie du négatif. Le film a pu ainsi être reconstitué et présenté au public dans son intégralité.

 

Thierry et Daron veillent ainsi avec ténacité sur cette collecte indispensable à la constitution du patrimoine cinématographique. Dans le prolongement de leur action, les Archives françaises du film du CNC ont choisi de privilégier la numérisation des films de courts métrages déposés dans les premières années de la collecte, alors à la charge de la Bibliothèque nationale de France. Ils sont ainsi consultables dans l'emprise des Archives en salle P de la BnF. Rappelons aussi que l'ensemble des films collectés et du matériel publicitaire peut être mis à la disposition des chercheurs à Bois d'Arcy.

Bilan du dépôt légal 2007

 
   

Jean Rouch aux Archives françaises du film du CNC

 

Dépôt Jean Rouch
Dépôt Jean Rouch
© Collection CNC-AFF


Dépôt Jean Rouch
Dépôt Jean Rouch
© Collection CNC-AFF
 


Depuis décembre dernier, les Archives françaises du film collectent et inventorient les films de Jean Rouch. Ce projet s'est mis en place grâce à Madame Jocelyne Rouch, le Comité du film ethnographique et le CNRS. Il consiste à rassembler en un même lieu le plus grand nombre possible d'éléments de la vaste cinématographie de Jean Rouch afin de cataloguer, sauvegarder et restaurer cette oeuvre protéiforme. La Bibliothèque nationale de France est l'autre partenaire phare de ce projet puisqu'il lui incombe le traitement des archives photographiques et papier du réalisateur. A terme il sera possible de consulter dans un même département de la BnF ces documents et l'ensemble de la filmographie alors numérisée (les films seront également consultables à Bois d'Arcy et dans l'espace dédié aux Archives à la BnF ). A retenir d'ores et déjà les dates des 14 au 20 novembre 2009 pendant lesquelles le prochain colloque international Jean Rouch aura lieu. Les samedi 14 et dimanche 15 seront consacrés à la présentation des films restaurés à la Bibliothèque nationale de France.

Près de 40 films sont d'ores et déjà consultables à Bois d'Arcy et 7 d'entre eux sont numérisés et consultables sur le site des Archives à la BnF  : Les Magiciens de Wanzerbé (1949), Circoncision (1949), Initiation à la danse des possédés (1949), Cimetières dans la falaise (1951), Les Hommes qui font la pluie (yenendi) (1951), Bataille sur le grand fleuve (1952) et Moro-Naba (1958).

Site du Comité du film ethnographique

Appel à contribution prochain colloque

 
 

Commission du partrimoine et remise de Légion d'honneur

 
Michelle Aubert
Michelle Aubert
 

La commission du patrimoine cinématographique s'est réunie le 28 mars dernier. Elle mobilise, autour de son président, un groupe d'experts, les représentants des trois institutions patrimoniales françaises (Cinémathèque française, Cinémathèque de Toulouse et Archives françaises du film du CNC) et le directeur du patrimoine cinématographique. Elle étudie les programmes de restauration des mois à venir et elle débat d'un certain nombre de problématiques liées à la défense du patrimoine cinématographique.

A l'issue de cette réunion, Dominique Wallon, l'actuel président de la commission et ancien directeur général du CNC, a élevé Michelle Aubert, conservatrice des Archives françaises du film jusqu'en mars 2007, au titre de chevalier de la Légion d'honneur. Ils avaient défendu et veillé ensemble dans les années 90 à la mise en place de l'accélération du plan de sauvegarde et de restauration des films anciens, dit « plan nitrate ».

 
 

Sortie du DVD Salt of the Earth chez Doriane Films

 
Jaquette du DVD
Jaquette du DVD
 

Le Sel de la terre est un film célèbre, tourné en dehors des normes habituelles aux Etats-Unis, par des cinéastes et techniciens victimes du maccarthysme qui sévissait alors à Hollywood. Cette oeuvre inhabituelle, chargée d'émotion et conçue comme un film de fiction militant, a été censurée dès sa production en 1953. Ses auteurs, de nombreux artistes dont la vie a été détruite par l'HUAC (Comité des activités antiaméricaines) avec la complicité de l'industrie cinématographique, ont tenu à faire de ce film un hommage à leur refus de se taire et à cette résistance unique dans le pays. Le Sel de la terre , inspiré du cinéma soviétique d'Eisenstein, est un hommage au sous-prolétariat des États-Unis ainsi qu'un film ouvertement féministe. On y aborde également avec véracité le droit de grève, la situation des régimes de travail différents selon l'origine ethnique des demandeurs d'emploi.

Mis en scène par Herbert J. Biberman à partir du scénario et des dialogues de Michael Wilson (inspiré de faits réels), le film a eu des difficultés lors de son tournage (opposition du sénateur local) mais aussi au moment du développement de la pellicule, le laboratoire choisi refusant de le prendre en charge. Il a fallu expédier dans plusieurs villes et différents laboratoires le matériel à développer, avec de faux titres pour ne pas attirer l'attention.

 

Une légende réelle ou inventée précise que le montage n'a pu avoir lieu que dans les toilettes d'un cinéma désaffecté pour déjouer les plans des syndicats hollywoodiens cherchant à empêcher l'achèvement du film. Finalement terminé, Le Sel de la terre est devenu un film symbole d'une forme de résistance politique peu courante aux Etats-Unis. Il a été primé au festival de Karlovy-Vary, avant sa sortie officielle aux USA à la fin de 1965.

Le DVD, édité chez Doriane-films, est complété du documentaire de John Berry,  The Hollywood Ten (1950), film restauré par les AFF et  consultable en numérique dans les antennes CNC de la BnF et de Bois d'Arcy.
 
   

Films restaurés par les AFF-CNC projetés dans le cadre de la diffusion culturelle

 
Le Voyage d'Amélie
Le Voyage d'Amélie (Daniel Duval)
© Daniel Duval
 

Du 10 au 17 avril, "Festival Confrontation" à l'Institut Jean Vigo de Perpignan avec Humain, trop humain de Louis Malle, Le voyage d'Amélie de Daniel Duval et Quelque part, quelqu'un de Yannick Bellon.

Ces deux derniers films ont été restaurés et numérisés par les Archives françaises du film - CNC et sont consultables à la BnF.

Le 25 avril, projection de Le Fou de Kairouan de Jean-André Creusy en ouverture du festival du film tunisien à Tunis (Tunisie)

 


Prochainement :

Mai : les comédiennes du cinéma muet seront à l'honneur à Vienne (Autriche)

Juin : Festival « Il cinema ritrovato » de Bologne (Italie), le rendez-vous incontournable des films du patrimoine

Toute la programmation sur le site des AFF

 
 

Crédits

 

Textes : Béatrice de Pastre, Eric Le Roy & Magali Gourret
Iconographie et photos : Jacques Mény, Ginette Lacasse & Magali Gourret
Remerciements à Thierry Blandin & Daron Manuelyan
Corrections : Jean-Marie Manant
Coordination technique et mise en ligne : Driss Tsila

 

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