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  Editorial - juillet 2008  
   

Après les manifestations de ces derniers mois (rétrospective et publication Du Praxinoscope au cellulo , congrès de la FIAF …), l'activité des Archives françaises du film du CNC se centre sur l'exploration des collections. Celle-ci permet de faire émerger des oeuvres perdues, comme ce fut le cas avec Bucking Broadway, de John Ford, ou de rendre accessibles des corpus complexes, avec par exemple actuellement le chantier sur le dépôt Jean Rouch. Ces travaux « souterrains » sont aujourd'hui rapidement visibles grâce à l'interface internet de la base de données Lise et par les actions de valorisation des oeuvres restaurées. Les programmations de films dont nous nous faisons chaque mois l'écho ou le signalement de l'actualité de l ‘édition multimédia témoignent de cette vie du patrimoine cinématographique grâce aux actions menées quotidiennement aux Archives. La bibliothèque des Archives du film à Bois d'Arcy, sur laquelle est réalisé le focus de ce trimestre, est un lieu exemplaire de cette vie « continuée » de l'oeuvre de patrimoine et du document d'archives puisque y sont rassemblés outils d'identification, ouvrages de référence documentaire et technique et traces de valorisation scientifique. Un lieu, à découvrir sans faute, ouvert aux chercheurs qui viennent en consultation sur le site de Bois d'Arcy.

Béatrice de Pastre - Directrice des collections des Archives françaises du film - CNC

 
 
 

Les avancées du congrès de la FIAF

 
64e congrès de la Fiaf
64e congrès de la FIAF
© Farida Guerdjou Bréchemier
 
C'était un congrès attendu. Avec plus de 400 participants, venus des cinémathèques et archives du monde entier, le congrès annuel de la Fédération internationale des archives du film a enregistré un taux d'affluence historique. 

Les thèmes du Symposium et du Second Century Forum expliquent notamment la présence d'un si grand nombre de congressistes.

Intitulé La boîte de Pandore, les archives de films et la question des droits, le Symposium a permis de dresser un passionnant panorama des pratiques et usages internationaux. La diversité des intervenants réunis pour l'occasion - juristes, producteurs, ayants droit et responsables d'archives et de cinémathèques - et le dialogue instauré démontrent qu'il est aujourd'hui possible et nécessaire d'articuler les objectifs culturels des archives et cinémathèques avec les objectifs financiers des sociétés de production et des ayants droit. Dans ce but, avant le 65e congrès qui se tiendra à Buenos-Aires, un guide juridique complétant les textes existants sera édité à destination de toutes les archives et cinémathèques.
 
Boris Todorovitch, Eva Orbanz et Christine Albanel
Christine Albanel, ministre de la Culture (à droite) aux côtés de Boris Todorovitch, directeur du Patrimoine cinématographique du CNC et Eva Orbanz, présidente de la FIAF
© Farida Guerdjou Bréchemier
 


Le thème du Second Century Forum répondait également à un questionnement partagé par tous. Qu'en est-il du patrimoine cinématographique en Afrique subsaharienne, francophone et lusophone ? Les intervenants africains et les consultants européens invités ont pointé qu'un certain nombre de projets autour de la préservation du patrimoine africain existent, mais sont malheureusement dispersés. A l'issue du forum, plusieurs représentants de cinémathèques et d'archives africaines ont appelé à un suivi sur le long terme, susceptible d'être conduit par la FIAF. Dès l'automne prochain, la Direction du patrimoine cinématographique du CNC conduira une opération d'assistance technique et logistique à la Cinémathèque de Ouagadougou.

Les excellents retours des professionnels du patrimoine cinématographique à l'issue du congrès attestent que les problématiques abordées correspondent à des préoccupations majeures, déterminantes pour l'avenir des archives et cinémathèques du monde entier.

 
 

Dépôt Jean Rouch (suite)

 

Le dépôt, effectué par le Comité du film ethnographique et le CNRS, continue d'être exploré par les agents des Archives françaises du film avec l'aide de Philippe Costantini, collaborateur de Jean Rouch. Il nous fait découvrir un de ces films rares qui rendent si précieux ces chantiers menés par les Archives :

 
Cinémafia

Cinémafia, Joris Ivens, Jean Rouch et Henri Storck © Collection AFF-CNC

 

Cinémafia, Jean Rouch, 1980, 16mm couleur, 35mn

"Tourné en 1980 à Katwijk, aux Pays-Bas, ce documentaire de Jean Rouch est l'occasion d'une "ciné-rencontre" entre Joris Ivens et Henri Storck, amis de jeunesse, qui réalisèrent ensemble Borinage en 1933. Le lieu de ce tournage n'est pas anodin puisque c'est dans ce petit port de pêche que Joris Ivens tourna, en 1929, son unique film de fiction, Brisants.
Au cours d'une discussion libre et spontanée, et intervenant lui-même à la caméra, Jean Rouch fait évoquer aux deux amis leurs débuts dans le cinéma au cours des années vingt, en pleine période d'avant-garde, où se mêlent l'engagement politique et la poésie.
Dans le même temps une équipe légère, composée de deux étudiants de l'Université de Leiden, tourne le making of de cette conversation improvisée. Ces images, intégrées au montage final de Cinémafia, témoignent de la complicité établie par Jean Rouch en situation face à Joris Ivens et Henri Storck."

 
 

"La vie d'un film à Bois d'Arcy"
5 - la bibliothèque

 
Salle de la bibliothèque
Salle de la bibliothèque © AFF-CNC
 

Il ne faut pas s'étonner de voir figurer la « bibliothèque » dans la rubrique « vie d'un film », car c'est souvent grâce aux informations conservées dans cet espace qu'un film retrouve son générique, son identité.
Elodie Gilbert, qui gère la bibliothèque, précise qu'il y a en effet sur les rayonnages peu d'ouvrages universitaires mais beaucoup de catalogues de films et d'institutions, de périodiques anciens (Ciné-Journal, Hebdo-Film, Film-Revue publiés avant 1920), qui permettent aux équipes de l'inventaire, du service de l'analyse et du catalogage d'identifier un document. L'espace est aussi ouvert aux chercheurs venus consulter des documents filmiques et aux équipes de la Cinémathèque française, qui travaillent au fort de Saint-Cyr.

 
   
Elodie Gilbert
Elodie Gilbert renseigne la base Lise
© AFF-CNC
 

14.000 ouvrages et 340 titres de revues, principalement françaises, offrent ainsi à l'ensemble des équipes une documentation précieuse. Elodie travaille actuellement à une restructuration de l'espace pour une meilleure visibilité des ouvrages et une lisibilité des collections, qui, en même temps, sont indexés dans la base Lise. Ainsi on identifiera mieux les manques dans les thématiques et les « trous » dans les collections. « Nous conservons également quelques documents rares, précise Elodie, comme les scénarios Pathé des films réalisés entre 1908 et 1916, qui complètent la collection de la BnF , des partitions originales de musiques de film et une collection complète, à partir de 1922, d' Annuaire du Cinéma  ». Outre ce projet de réaménagement, qui va de pair avec la restauration et le conditionnement des documents les plus fragiles, Elodie participe au PIP (Periodical Indexation Project) de la Fiaf en prenant en charge l'indexation de la revue française d'histoire du cinéma 1895.

 
   
Tristan Gomez
Tristan Gomez inventorie le fonds Vivié
© AFF-CNC
 

La bibliothèque conserve également des fonds d'archives donnés par des techniciens, des réalisateurs, des curieux de cinéma. Actuellement sont en cours d'inventaire et de traitement deux fonds très importants, celui du réalisateur de films d'animation Alexandre Alexeieff et celui de Jean Vivié. Tristan Gomez, étudiant en Master «  Arts et Sciences de l'enregistrement » à l'université de Paris-Est-Marne la Vallée , est chargé de l'exploration de ce fonds. « Jean Vivié (1904-1972) est un personnage étonnant, dit-il, ingénieur civil des mines, il est le fondateur du bureau de normalisation de l'industrie cinématographique (1943) et de l'organisme qui deviendra la CST, tout en étant professeur à l'école de Vaugirard et à l'IDHEC. Il a fait de nombreuses recherches sur l'histoire des techniques cinématographiques, aussi bien la prise de vue, les formats, les procédés couleurs (comme le Tiller color que seul Vivié semble référencer), les techniques de laboratoire que les décors. Il a rassemblé une documentation de première main sur certain des pionniers de l'histoire du cinéma comme Lucien Bull ».

 
   
Fonds Vivié
Cet élément du fonds Vivié n'a pas été identifié : peut-être est-ce une tentative de surface permettant une projection de l'image en relief © AFF-CNC
 

Mais Jean Vivié a aussi compté dans l'histoire des Archives françaises du film, car, comme le précise Tristan, « dès 1959 il a averti le CNC des mauvaises conditions de stockage des bobines dans le fort de Bois d'Arcy. Il en fera un inventaire en 1968, qui conduira à l'ouverture du service des archives du film au sein du CNC en 1969. Il apporta son expertise au moment de la construction des cellules de stockage des films nitrate, qui permirent enfin une meilleure conservation des documents les plus anciens du patrimoine cinématographique». Ainsi 25 mètres linéaires d'archives (60 boîtes) sont dépouillées, classées, reconditionnées et organisées par Tristan. Un inventaire sera très prochainement mis à la disposition des chercheurs, une façon de rendre hommage à Jean Vivié au moment où l'on s'apprête à célébrer les 40 ans des Archives françaises du film.

 
   

Parcours Bucking Broadway

 
Parcours Bucking Broadway
Parcours Bucking Broadway © AFF-CNC


 

En 1970, un collectionneur dépose des bobines de film sur support nitrate aux Archives françaises du film du CNC. Sur une boîte, un titre : Drame au Far West , et pas de générique sur le film. Il est inventorié sous ce nom et conservé dans les cellules nitrate de Bois d'Arcy. Trente ans plus tard, un documentaliste des Archives entreprend d'analyser le film afin de l'indexer pour le faire apparaître dans la base de données. Au visionnage, il reconnaît l'acteur Harry Carey, qui a tourné de nombreux westerns sous la direction de John Ford. Après des recherches dans les ouvrages de référence et la presse de l'époque, le doute n'est plus permis : la scène finale identifie formellement le film. Il s'agit bien de Bucking Broadway , réalisé par John Ford en 1917 et distribué sous le titre A l'assaut du boulevard en France. Le parcours Bucking Broadway, en ligne sur le site des Archives, revient sur l'histoire de cette découverte et de la restauration numérique qui s'ensuivit. Il est complété par une étude du film et une série d'extraits choisis.

Accéder au parcours

 
 

DVD L'Argent

 
DVD L'Argent
 
L'actualité éditoriale autour de Marcel l'Herbier est très riche ces derniers mois. Après la parution de Marcel L'Herbier, l'art du cinéma accompagné d'un DVD du film Le Diable au cœur (parution de l'AFRHC), Carlotta Films propose de redécouvrir L'Argent dans une très belle édition numérique, issue de la restauration argentique des Archives françaises du film, avec un accompagnement musical de Jean-François Zygel. Outre le grand plaisir de retrouver ce film dans toute son ampleur, ce coffret offre de riches suppléments comme le film de Jean Dréville Autour de l'Argent (version sonorisée de 1971), des essais d'acteurs et une actualité sur l'arrivée à Paris de Brigitte Helm pour le tournage du film. Tous ces documents, issus des collections des Archives françaises du film du CNC, éclairent différemment l'œuvre de L'Herbier. On découvre aussi avec étonnement la séquence construite dans un montage alterné des images de la Bourse et de l'envol de l'avion d'Hamelin, à laquelle sont adjoints les bruitages enregistrés par L'Herbier.
 


Ces archives sont accompagnées de deux documents contemporains Marcel L'Herbier, poète de l'art silencieux, un documentaire de Laurent Véray, et Accompagner le cinéma muet, où J.F. Zygel évoque l'histoire de la présence de la musique lors des projections de films muets et présente son approche actuelle de l'exercice. Cette édition est augmentée d'un portfolio collector offrant une très riche iconographie issue des collections de la Cinémathèque de Toulouse et de Marie-Ange L'Herbier.
Ce DVD a été primé à l'occasion du festival de Bologne le 4 juillet dernier.

 
   

Films restaurés par les AFF-CNC projetés dans le cadre de la diffusion culturelle

 
Jour de fête
Jour de fête © Les Films de Mon Oncle
 


Au mois de juillet : La Sorcière, film d'études d'Andrzej Zulawski, restauré par les Archives françaises du film en 2008 et jamais diffusé en salle, sera projeté en Pologne.

Les 8 et 9 juillet, à Grenoble, des journées d'études seront consacrées à l'oeuvre d'Emile Cohl. Seront projetés des films représentatifs de sa production, de ses inspirations et de ses influences.

Au mois d'août : Les Archives participent, comme chaque année, à la programmation du Festival de Douarnenez.

 

Au mois de septembre : Jour de fête, de Jacques Tati, sera projeté lors du Festival de Finlande


Toute la programmation sur le site des AFF

 
 

Crédits

 

Textes : Béatrice de Pastre, Laetitia Sellam, Philippe Costantini, & Magali Gourret
Iconographie et photos : Farida Guerdjou Bréchemier, Laetitia Sellam, Philippe Costantini & Magali Gourret
Remerciements à Elodie Gilbert & Tristan Gomez
Corrections : Jean-Marie Manant
Coordination technique et mise en ligne : Driss Tsila

 

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