Si vous ne visualisez pas correctement cette lettre d'information, cliquez ici

 
  Editorial - avril 2010  
   

A la fin de l'année 2010, le site internet des Archives françaises du film du CNC va changer de peau. Nouvel habillage, nouvelles rubriques, plus grandes fonctionnalités. Afin qu'il corresponde, dans cette rénovation, à vos attentes, vous pouvez transmettre vos remarques et vos suggestions grâce au questionnaire téléchargeable sur la page d'accueil du site. Cette restructuration devrait permettre la mise en ligne et la consultation en streaming de quelques films rares, extraits des collections des Archives. L'un d'entre eux, Alfred Cortot interprète la valse de l'Adieu, est proposé dans le parcours hommage à Frédéric Chopin. Ce film, rarement proposé dans son intégralité, témoigne de l'intérêt que suscita dans les milieux musicaux le cinéma sonore. Enfin allaient être révélés les secrets de l'interprétation par la vision directe des mains et du corps de l'artiste.

La découverte des corpus constitués autour des films industriels offre une histoire économique du XXe siècle non dénuée de poésie. Hauts fourneaux, coulées de fonte, bitumes fumants mais aussi centrifugeuses, pistons et autres turbines fascinèrent le cinéma qui trouva, peut-être en eux, un miroir de sa propre modernité. De très nombreux films à explorer pour les curieux !

Béatrice de Pastre - Directrice des collections des Archives françaises du film - CNC

 
 

Commission du patrimoine

 
Affiche de Zoom arrière

Affiche du festival "Zoom arrière" 2010

 

La Commission du patrimoine cinématographique du CNC s'est réunie, le 10 mars dernier, à la Cinémathèque de Toulouse à l'occasion de l'édition 2010 du festival "Zoom arrière".

Outre l'examen des programmes de sauvegarde et de restauration des films anciens présentés par la Cinémathèque française, la Cinémathèque de Toulouse et les Archives françaises du film, la commission, sous la conduite de son président Dominique Wallon, a évoqué les répercussions pour le monde des archives cinématographiques du passage au cinéma «tout numérique».
Cette rencontre a aussi été l'occasion pour les administrateurs des différentes institutions de la base de données Lise de travailler aux évolutions à apporter au traitement documentaire des films afin d'adapter au mieux leur description à la singularité de certains objets filmiques. Le contexte festivalier de "Zoom arrière" a permis aussi de découvrir quelques restaurations comme La Dame masquée, de Victor Tourjansky, deux opus de Comment Yu-Kong déplaça les montagnes, de Joris Ivens et Marceline Loridan ou La Campagne de Cicéron, respectivement présentés par la Cinémathèque française, les Archives françaises du film et la Cinémathèque de Toulouse.

 
 
"Découverte thématique des collections"
5 - Les films industriels
 
 

L'Acier

L'Acier © Collections CNC-AFF & Cinémathèque Robert-Lynen de la Ville de Paris

 

En 1895, la naissance du cinématographe prend place dans le contexte des dernières vagues de la révolution industrielle débutée un siècle auparavant. Les implications économiques en sont très vite appréhendées, bien avant la prise en compte d'une esthétique propre qui permit de consacrer le "7e art". A ce titre, on peut rappeler qu'en France le Centre national de la Cinématographie, créé en 1946, a longtemps été un organe du ministère de l'Industrie avant d'être rattaché au ministère de la Culture par André Malraux en 1959.

Mais le cinéma s'est aussi révélé témoin privilégié de la dynamique industrielle, partout où elle se déployait tout au long du XXe siècle : depuis les images des usines Lumière, nombreux sont les documents cinématographiques témoignant d'une résonance particulière entre enregistrement mécanique de la réalité et mécanisation des processus de fabrication. Beaucoup de ces films sont présents dans les collections des Archives françaises du film, que les documentalistes ont entrepris d'organiser en corpus distincts, afin de mettre en lumière la façon dont cette affinité ontologique a permis d'évoquer plusieurs décennies d'industrialisation, en France et dans le monde.


 

Chargement du coke

Chargement du coke
© Association frères Lumière

 

Ainsi sous la thématique “Industrie métallurgique”, un film « Lumière » de 1896 montre des femmes chargeant le coke dans des brouettes. Dans Les Hommes de l'acier, Jean Tedesco dépeint la sidérurgie française du début des années 1950, qui s'automatise et généralise les mesures de protection des ouvriers. Le corpus met en regard Le Chant de la mine et du feu, évocation lyrique réalisée par Jean Benoit-Lévy, et les films institutionnels des établissements Schneider au Creusot, également tournés dans les années 1930. Réalisés dans les années 1920-1930, la majeure partie des films composant le corpus « Industrie alimentaire » s'attachent à la promotion des matières premières de l'outre-mer et des colonies (canne à sucre en Martinique, banane au Cameroun, palmier à huile au Togo ou au Congo) et aux techniques de leur transformation. Et, pour sa part, l'ensemble “Industrie textile” réunit des films pédagogiques datant des deux mêmes décennies, qui détaillent les différentes étapes de la fabrication d'un col de chemise dans un atelier parisien de confection ou d'aiguilles à coudre aux usines Bohin de l'Orne, comme le fonctionnement d'un métier à tisser la dentelle.

 

Ets métallurgiques Boyer

Ets métallurgiques Boyer
© Collections CNC-AFF

 

D'autres corpus sont actuellement en cours de constitution afin de valoriser les nombreux films institutionnels réalisés entre 1950 et 1980 déposés aux Archives, représentatifs, entre autres secteurs, de la chimie et des technologies de pointe.

En ce début de XXIe siècle, il semble que l'industrie cinématographique doive accompagner le mouvement global de l'économie réelle vers la financiarisation. Aux Etats-Unis, des contrats d'assurance pariant sur l'échec commercial d'un film ont récemment fait leur apparition dans les salles des marchés. La question de la cinégénie de ces produits spéculatifs reste toutefois posée : comment filmer la titrisation des créances ?

Recherche thématique

 
 

Parcours découverte Hommage à Chopin

 
Alfred Cortot

Alfred Cortot interprète la « Valse de l'adieu ».
© Collections CNC-AFF

 

En cette année où l'on fête le bicentenaire de la naissance de Frédéric Chopin, les Archives françaises du film du CNC ont exploré leurs collections pour proposer une sélection de films illustrant sa vie et son environnement culturel et politique.

Le parcours découverte offre également l'intégralité du film Alfred Cortot interprète la « Valse de l'adieu ». Cette pièce, la Valse de l'adieu op. 69 n°1 en la bémol majeur, est une des plus célèbres du compositeur.  La caméra met ici en exergue le jeu spécifique d'Alfred Cortot (1877 – 1962).

 

Accéder au parcours découverte

 
 

Films en quête d'identification

 
[Olivier vétérinaire]

[Olivier vétérinaire]
© Collections CNC-AFF

 

Les films présentés lors de la dernière lettre d'information n'ont pas encore été identifiés. Des pistes ont été proposées, par certains d'entre vous, qui sont actuellement explorées par les documentalistes en charge de ces films. Une partie d'entre elles concernent l'actrice du film américain déposé sous le titre La Bataille à Chicago. Certains pensent à Josephine Stevens, d'autres évoquent Alice Lake...

Un autre film rejoint cette quête d'identification : intitulé actuellement Olivier vétérinaire, d'après les intertitres français. Les Archives françaises du film disposent de très peu d'informations à son sujet. Seule certitude : il ne s'agit pas de Patouillard vétérinaire (Roméo Bosetti, 1911), car aucun des protagonistes présents sur ce fragment ne correspond à ce personnage.

Films en quête d'identification

 
 

"La vie d'un film à Bois d'Arcy"
11 - Le déposant : partenaire des Archives

 
   
Annie Blandin
Annie Blandin © CNC-AFF
 

En dehors de la collecte instituée grâce au Dépôt légal (voir la lettre d'information n°6 d'avril 2008), d'où proviennent les films qui constituent les collections des Archives françaises du film ?
Annie Blandin travaille au Service Accès Valorisation et Enrichissement des Collections et elle contribue tout particulièrement à cet enrichissement. En contact régulier avec les déposants, elle les renseigne sur le contenu de leurs dépôts et l'état des éléments. «Il y a, tous les quinze jours, des réunions internes où l'on donne suite aux demandes extérieures, soit de dépôts soit de dons aux Archives. », nous dit Annie, «ces propositions sont examinées suivant des critères d'appréciation où rentrent en compte l'état du matériel et sa rareté.  Si le film proposé est déjà présent dans nos collections en plusieurs exemplaires, la personne sera dirigée vers une autre archive qui sera peut-être heureuse de le prendre en dépôt. Cependant, il est rare que l'on refuse.».

 
 
Dossier
Dossier avec l'inventaire complet du dépôt
© CNC-AFF
 

Aux Archives françaises du film depuis 1988, au sein de ce même service, les missions d'Annie sont restées inchangées, ce sont les outils mis à sa disposition qui ont évolué. «Autrefois, on établissait un dossier de dépôt très complet comportant tout l'inventaire. Ce dossier était envoyé en deux exemplaires au déposant et celui-ci nous en retournait un, signé. A présent, la procédure est simplifiée : toutes les informations sont entrées dans la base de données Lise et c'est un récapitulatif, appelé Bulletin d'entrée, qui est envoyé au partenaire.» Car le déposant est considéré comme un partenaire des Archives : «il y a eu un énorme travail avec la profession cinématographique lors du passage à l'informatique. Nous avons établi une fiche pour chacun des déposants, comportant toutes les informations nécessaires à nos relations et au suivi de leurs dépôts. Dans le même temps, nous leur demandions un accord de diffusion et/ou de consultation des films.» Annie sourit : « ce n'était pas évident au départ : beaucoup voyaient dans les Archives une sorte de coffre-fort où leur bien serait conservé à l'abri des regards... Ce fut un gros de travail de persuasion... »
Un autre aspect du travail d'Annie consiste à prévenir les déposants lorsque le service de la logistique diagnostique une altération chimique des supports. Ceux-ci sont alors écartés dans une cellule isolée et un courrier est envoyé au déposant portant l'avis de destruction, ainsi que son motif. «Les déposants ont un délai de 30 jours pour prendre une décision. S'ils souhaitent sauvegarder le matériel, ils devront prendre leurs dispositions et le confier à un laboratoire extérieur. Dans la majorité des cas, le matériel a déjà été sauvegardé sur un autre support ou ne présente pas un intérêt majeur pour la conservation du patrimoine cinématographique.»

 
 
graphique
Graphique représentant le nombre de films déposés par partenaire
© CNC-AFF
 

Mais qui sont ces déposants ? «Il y a bien sûr les grandes sociétés de production et les laboratoires mais aussi des collectionneurs, des distributeurs, des réalisateurs et des détenteurs de catalogues. En terme de quantité, ils sont près de 70% à n'avoir qu'un à dix films dans leur dépôt.»
Les Archives conservent, à leurs frais, les dépôts qui leur sont confiés. Des conventions sont passées avec les déposants. Ceux-ci peuvent être propriétaires du matériel sans pour autant en être les ayants droit. «Nous faisons fréquemment des recherches d'ayant droit afin d'identifier qui est titulaire des droits d'auteur afférents au film.» Des transferts de propriété du matériel peuvent être établis et des conventions sont signées avec sces nouveaux partenaires, augmentant ainsi le nombre de films accessibles au public.  «Ces demandes de transfert sont nombreuses en ce moment» ajoute Annie «les ayants droit veulent récupérer leur matériel auprès des laboratoires à la veille des changements technologiques majeurs générés par le cinéma "tout numérique" »

 
   

Films restaurés par les AFF-CNC projetés dans le cadre de la diffusion culturelle

 
La Tuberculose menace tout le monde
La Tuberculose menace tout le monde © Pathé Renn
 

Fin avril début mai, les Archives françaises du film du CNC sont présentes avec une sélection de 7 films muets au festival du court métrage de Oberhausen. Elles participent également aux rétrospectives programmées par la Cinémathèque française : Julien Duvivier, Pola Negri, Robert Siodmak...

En mai, des projections exceptionnelles de films d'Histoire auront lieu au château de Blois autour du roi Henri III. L'institut Jean Vigo, à Perpignan, reprend la programmation de Zoom arrière avec Un Village de pêcheur. Projection de Loin du Vietnam à Londres dans le cadre d'un hommage à Agnès Varda. Le film Au petit bonheur, de Marcel L'Herbier, sera projeté dans la sélection "Cannes Classic".

Début juin, la Cité des Sciences et de l'Industrie programme un week-end spécial Comandon.

 


Programmation en cours sur le site des AFF

 
 

Crédits

 

Textes : Béatrice de Pastre, Laurent Bismuth & Magali Gourret
Iconographie et photos : Magali Gourret
Remerciements à Annie Blandin
Corrections : Jean-Marie Manant
Coordination technique et mise en ligne : Driss Tsila

 

Nous contacter : cliquez ici.
Pour consulter les lettres précédentes, cliquez ici.
Pour ne plus recevoir la Lettre des Archives françaises du film - CNC, cliquez ici.