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  Editorial - 31 janvier 2012  
   

Alors que 2012 sera marquée par la quasi disparition de la projection de film 35 mm avec perforations au profit de celle de fichiers numériques, les Archives françaises du film du CNC ont choisi de répondre à l'interpellation de la famille d'Emile Reynaud afin d'inscrire son oeuvre au registre Mémoire du monde de l'UNESCO. Cette démarche nous semble aller de pair avec le soutien qu'organise actuellement la Direction du patrimoine à la numérisation des oeuvres afin qu'elles puissent être accessibles au public le plus large possible. Le patrimoine doit se conjuguer à tous les temps du spectacle cinématographique.
C'est également dans cette perspective que les Archives françaises du film du CNC poursuivent leur étude des rapports entre science et cinéma à l'époque où l'on parlait de "photographies animées", de "bandes" et pas encore de "films". Après le parcours Marey et dans l'attente de l'ouvrage consacré à Jean Comandon, nous proposons un coup de projecteur sur la série Scientia, éditée par Éclair dans les années 1910. À mi chemin entre la Wunderkammer des hommes éclairés du XVIIe siècle et le stand édifié au Luna Park de Paris en 1910 auquel elle doit son nom, cette série offre une promenade au cours de laquelle on découvre des êtres vivants parmi les plus insolites, mis en scène avec humour par des opérateurs inventifs. Insolite l'est aussi la découverte du fort de Bois d'Arcy avec l'équipe du département de la maintenance grâce à laquelle les équipements de conservation sont surveillés et entretenus avec rigueur. Nous essaierons ainsi au cours de l'année de poursuivre cette exploration des collections et des métiers des Archives françaises du film du CNC : des investigations riches de surprises à n'en pas douter !
Que 2012 soit une année de redécouverte partagée du patrimoine cinématographique et de bonheur pour tous.

Béatrice de Pastre - Directrice des collections des Archives françaises du film - CNC

 
 

"La vie d'un film à Bois d'Arcy"
16 - Les hommes de la fée électricité

 
Yannick Ruault, Jean-Luc Etienne et Michel Corre

Yannick Ruault, chef du département Maintenance, Jean-Luc Etienne et Michel Corre
© CNC

 

Sans électricité, pas de conservation optimale des films ni de restaurations numériques... Pour le bien-être des précieuses bobines et le travail des personnes qui s'en occupent, les hommes de la maintenance veillent...
Différents métiers sont représentés au sein du département Maintenance, dirigé par Yannick Ruault et dépendant du service HSEM (Hygiène sécurité environnement et maintenance) conduit par Patrick Khafif. Joël Brodesolles est un agent polyvalent qui peut répondre à toutes sortes de demandes : récemment, il a, par exemple, confectionné des boîtes adaptées à la conservation de formats très particuliers de films, comme celle qui a permis au premier film philippin de retourner dans son pays dans de bonnes conditions. Jean-Louis Hornos est plombier-chauffagiste. Alain Hossine est chargé des espaces verts, nombreux dans ce site en bordure de forêt.
Complétant cette équipe, Michel Corre et Jean-Luc Etienne sont en charge de toute l'installation électrique des bâtiments des Archives françaises du film du CNC, à Bois d'Arcy et au fort de Saint-Cyr.
Yannick et Michel travaillent sur le site depuis plus de dix ans, Jean-Luc est arrivé il y a cinq ans environ : « il m'a fallu un certain temps pour connaître tous les bâtiments tellement le site est vaste ! » dit-il en riant. «C'est bien là que se situe notre problème» ajoute Yannick  « l'étendue des installations techniques des deux sites demande un long apprentissage afin de pouvoir intervenir avec rapidité sur le bon circuit électrique, dans la bonne armoire en cas de problème. » Michel se rappelle : « les installations climatiques et électriques ont totalement été remplacées lors des travaux qui ont pris fin en 2006, ce fut une redécouverte du site avec de nombreuses surprises. On peut s'en étonner mais la richesse de notre métier est d'intervenir dans toutes les zones du site, depuis les galeries techniques souterraines jusqu'aux terrasses des bâtiments, et notre quotidien n'est que rarement répétitif. »

 
Jean-Luc Etienne

Jean-Luc Etienne, devant une des installations électriques © CNC

 

Yannick précise : « Notre travail consiste aussi à mettre en conformité les installations selon les réglementations imposées par la norme C15-100, liées au classement ICPE (Installations classées pour la protection de l'environnement) du site. Cela se fait petit à petit mais on commence à en voir la fin ! Nous avons récemment remplacé tous les blocs secours pour les évacuations incendie.» « Et puis nous suivons systématiquement l'évolution des activités des archives, comme l'apparition de l'informatique, puis des salles numériques du laboratoire » complète Jean-Luc.
Pour des raisons de sécurité, les électriciens travaillent en binôme : une puissance colossale est mise au service des bâtiments de stockage, notamment pour le bon fonctionnement de la climatisation indispensable à la conservation des films, et ce, été comme hiver. Leur prochain chantier sera de remplacer tous les appareils d'éclairage des cellules nitrates par des appareils antidéflagrants, compte-tenu de la dangerosité des films sur support nitrate. 

 
Michel Corre

Michel Corre © CNC

 

« Vous l'aurez compris, » reprend Yannick « nos missions s'organisent autour de la rénovation des installations, la résolution des petits dépannages quotidiens et l'aménagement de locaux en fonction des nouveaux besoins, dans le respect des normes en vigueur et de la spécificité de notre site tout en respectant l'environnement » « Par exemple, un jour, les bâtiments de conservation qui offrent une grande surface pourraient être équipés de panneaux photovoltaïques » ajoute Jean-Luc, jamais à cours d'idées ! Michel revient sur la sécurité, un sujet qui lui tient à coeur : « nous avons régulièrement des formations à ce sujet, c'est un aspect très important : garantir la sécurité de chacun et la nôtre également car on travaille avec l'électricité. C'est pour cette raison que nous ne sommes jamais seuls sur un chantier. »
Quand on leur demande ce qui fait aussi la spécificité de leur lieu de travail, Jean-Luc témoigne aussitôt de son plaisir : « les activités sont très diversifiées et j'apprend beaucoup de toutes les personnes que je côtoie au quotidien ! »

 
 

Parcours découverte Les Films Scientia

 
Le Chrysanthème

Le Chrysanthème
© Collection CNC-AFF

 

Si la recherche scientifique peut être créditée de la paternité de la prise de vue (Voir le parcours découverte Marey, présenté dans la lettre n°20) et de la projection cinématographiques, celle-ci continua par delà les premiers essais à accompagner cette activité qui était en train de devenir le "cinéma". On oublie souvent que les grandes sociétés de production inscrivent à leurs catalogues, et ce dès 1908/1909 de nombreux films à caractère scientifique. Si Gaumont contribua à la réalisation de films chirurgicaux et à la distribution des films du Dr. Doyen, si Pathé s'attacha les services du Dr. Comandon (voir ci-dessous), Éclair choisit non pas le terrain de la recherche mais celui de la vulgarisation pour aborder le vaste champ de la connaissance scientifique.
Le parcours proposé par les Archives françaises du film du CNC met en exergue la série Scientia qui, de 1912 à la Grande Guerre (même si quelques bandes furent distribuées à la fin du conflit), constitua pour les spectateurs un véritable cabinet de curiosités animées, renouant ainsi avec cette pratique des explorateurs des XVII et XVIIIe siècles qui collectaient objets, plantes et êtres vivants étranges et d'eux inconnus, que leurs pérégrinations faisaient surgir devant eux. Les productions Éclair invitèrent, avec cette série, à explorer les manifestations insolites de la vie.

Accès au parcours découverte

 
 

Film en quête d'identification : le mystère s'épaissit

 
Le Revenant au baiser mortel

Le Revenant au baiser mortel : est-ce bien Fritz Kortner ?

 

Nous remercions l'internaute qui nous a signalé que les photos, ainsi que l'extrait, mis en ligne pour l'identification du film Le Revenant au baiser mortel ne mettaient  pas en scène l'acteur, mentionné au générique, Fritz Kortner.  Peut-être celui-ci joue-t-il le père de l'héroïne, Lotte, que l'on peut voir sur un des photogrammes, de profil, derrière la jeune femme. Une nouvelle image le représentant de face a été ajoutée à la mosaïque. Cependant, le rapprochement de cette image portrait avec certains films où l'acteur est clairement identifié jette un doute, d'autant que ce film, sous le titre tel qu'il nous est parvenu, ne se retrouve nullement dans la filmographie du comédien. Enfin, une précision peut être ajoutée quant à la datation de ce film : les intertitres teintés, nombreux et d'évidence disparates de cette copie ont été tirés en 1928, alors que la distribution du film, en France, a été faite à partir de 1923 par la société Les Films André Ghilbert. Trouble ultime : l'une des scènes du film montre un personnage partant en voyage avec un sac sur lequel est brodé en grosses lettres "bon voyage" en français...
                  A suivre...
                  To be continued...

Film en quête d'identification

 
 

Comandon

 
De curieuses mouches : Les stratiomydées
De curieuses mouches : Les stratiomydées
© Gaumont Pathé Archives
 

Les Archives françaises du film du CNC sont très heureuses d'annoncer la parution mi-février de l'ouvrage qu'elles consacrent à l'oeuvre de Jean Comandon (1877-1970). Ce catalogue et les études qui l'accompagnent témoignent du travail entrepris depuis 2007 en leur sein pour la reconstitution de la filmographie de ce médecin qui se fit cinéaste à partir de 1909, date à laquelle Charles Pathé lui permit d'ouvrir, au coeur de ses studios, un laboratoire de cinématographie scientifique.
Avec constance, Comandon s'employa à scruter l'intimité du vivant grâce aux différents dispositifs cinématographiques qu'il mit au point durant sa carrière qui ne prit fin qu'au milieu des années 1960. Les travaux générés à l'occasion de cette étonnante longévité professionnelle furent accueillis par différentes institutions : Pathé, l'ONRSI (ancêtre du CNRS), les fondations Albert Kahn, l'Institut Pasteur. L'exploration des dépôts faits à la Cinémathèque française et aux Archives françaises du film par ces organismes et par l'ICS (Institut de cinéma scientifique) a permis de reconstituer plus des deux tiers d'une filmographie qui compta près de 400 titres. C'est cette aventure et ce qu'elle donne à voir aujourd'hui que l'ouvrage édité par le CNC tente de restituer.
Cette parution sera accompagnée d'une exposition organisée au centre d'art Bétonsalon du 15 février au 15 mars et d'une journée d'études le 16 février à la Bibliothèque nationale de France.

Exposition Bétonsalon
Autour du cinéma de Comandon à la BnF

 
 

Emile Reynaud classé au patrimoine de l'UNESCO ?

 
La bande de Pauvre Pierrot

La bande de Pauvre Pierrot © CNC-AFF

Les Archives françaises du film du CNC, avec le soutien de la Cinémathèque française, ont souhaité inscrire l'oeuvre d'Emile Reynaud au Registre Mémoire du Monde de l'Unesco. Le Comité français de cette instance internationale a validé ce projet lors de sa séance plénière du 17 janvier dernier. À l'heure où la projection cinématographique délaisse la bande de film 35 mm au profit de fichiers numériques, il semble nécessaire de reconnaître l'apport d'Emile Reynaud au dispositif spectaculaire de la projection publique d'images animées, dispositif emblématique de la culture du XXe siècle. En effet grâce aux séances du praxinoscope que donnait journellement Reynaud au théâtre du Musée Grévin à partir de 1892, il se présente comme le premier à avoir projeté des images animées devant un public. La bande perforée où il insérait des photogrammes peints à la main lui permit de réaliser le premier dessin animé de l'histoire du cinéma, avant même la première séance du cinématographe Lumière de décembre 1895. Nous ne manquerons pas de vous informer de la suite donnée par l'UNESCO à la proposition du CNC.

 
 

Hommage à Théo Angelopoulos

 
Théo Angelopoulos
Théo Angelopoulos
© George Laoutaris
 

Le cinéaste grec Théo Angelopoulos est décédé mardi 24 janvier des suites d'un accident de la circulation. Il a été en effet renversé par un motard dans la banlieue d'Athènes où il était en train de tourner son dernier film, "L'autre mer". Grâce au dépôt légal cinématographique, mission régalienne qui échoit au CNC, les chercheurs peuvent consulter, sur le site de Bois d'Arcy, une grande partie de l'oeuvre du réalisateur grec. Ses films coproduits en France ont été collectés dès l'instauration du dépôt légal en 1977, avant même l'extension de l'obligation de dépôt pour les films étrangers en date de 1993. Une occasion de susciter des études sur ce cinéaste salué par les plus grands festivals comme ceux de Cannes et de Venise mais sur lequel la recherche en France s'est peu penchée.

Les films actuellement consultables au titre du dépôt légal :

  • Oi kynigoi (Les Chasseurs) - 1977
  • O Melissokomos (L'Apiculteur) - 1987
  • Topio stin omichli (Paysage dans le brouillard) - 1988
  • Le Pas suspendu de la cigogne - 1991
  • To vlemma tou Odyssea (Le Regard d'Ulysse) - 1995
  • Mia eoniotita ke mia mera (L'Eternité et un jour) - 1998
  • Eleni (Eleni : La Terre qui pleure) - 2004

Recherche dans le catalogue

 
 

Films restaurés par les AFF-CNC projetés dans le cadre de la diffusion culturelle

 
Yacout effendi
Yacout effendi, Willy Rozier
© Succession Willy Rozier
 

En février, de nombreuses rétrospectives rendent hommage aux cinéastes : Robert Altman à la Cinémathèque française (Paris), René Clément à l'Institut Lumière (Lyon), Claude Sautet à la Cinémathèque québécoise (Montréal). Le cinéma Le Champo (Paris) fête les vingt ans des "cinémas indépendants parisiens". Le programme Autour des pionniers de l'animation continue de tourner : il sera à l'affiche des Rencontres audiovisuelles de Lille. La Cinémathèque de Nice projettera Yacout effendi, de Willy Rozier. La Sirène des tropiques, d'Henri Etiévant, fera partie du cycle Films sur la danse à la Cinémathèque suisse. Enfin, cinq soirées consacrées aux Duos éphémères sont programmées à l'auditorium du Louvre, de février à la fin juin.
Au mois de mars, le programme Animations fantastiques sera présenté au Lux, scène nationale de Valence. La Cinémathèque de Saint-Etienne consacre une séance aux Comiques & absurdes avec une sélection de courts métrages issus des collections des Archives, trois films de Lionel Soukaze seront au festival Ecrans Mixtes à Lyon. A l'étranger, on pourra voir L'Argent, de Marcel L'Herbier, et Faits divers, de Claude Autant-Lara, au Festival de Karlsruhe ; Le Silence est d'or au National Film Archives of Iceland ; La Bête humaine, de Jean Renoir, à la Cinémathèque finlandaise ; L'Inhumaine, de Marcel L'Herbier, à l'université de Floride et une rétrospective Jean Gabin au British Film Institut.. A ne pas manquer : Zoom arrière à la Cinémathèque de Toulouse, dédié, cette année, aux films interdits !
Enfin, rendez-vous en avril, à la Cinémathèque française, pour une programmation des Archives françaises du film du CNC sur le cinéma fantastique français. Egalement en avril : les festivals de Châteauroux, avec un programme sur les comiques, de Lille sur l'Algérie et d'Oberhausen, dédié aux films courts.

 


Programmation en cours sur le site des AFF

 
 

Crédits

 

Textes : Béatrice de Pastre, Jean-Baptiste Garnero & Magali Gourret
Iconographie et photos : Magali Gourret
Remerciements à Yannick Ruault, Michel Corre, Jean-Luc Etienne & Jean-Marie Manant
Relecture et corrections : Dominique Moustacchi
Coordination technique et mise en ligne : Driss Tsila

 

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